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Désatres ô ciron
17 janvier 2010

Exercice de style n°13 : Paranoïaque

Un jour de tempête, alors que j'attendais le tram, j'aperçus entre deux bourrasques les deux jeunes filles dont le sort du monde dépendait et qui se tenaient debout sur le quai en face du mien. Ne cédant pas à la panique, la blonde très professionnelle consultait calmement sa montre, sans doute pour évaluer le temps qu'il lui restait avant de désamorcer une bombe. Quant à la brune, elle surveillait l'horizon l'air tendu, prête à bondir. Elle avait raison car un tram déboula aussitôt dans un grand fracas. Je m'attendais à ce qu'elles le prennent d'assaut, mais non, lorsque le tram s'éloigna, elles étaient encore là, plus anxieuses que jamais. Je compris quel était l'objet de leur attente au passage d'un deuxième tram. Une jeune fille, l'air trop innocente pour être honnête, avec de grands yeux bleus naïfs et des cheveux blonds qui lui donnaient un air candide, en descendit et sa vue sembla soulager les deux premières. Aucun doute, c'était bien la terroriste qu'elles devaient interpeller. Il me paraissait maintenant évident qu'elle cachait une bombe sous sa robe rose. On m'la fait pas à moi ! Une des filles passa à l'attaque :

« Anne-Cécile, tu es encore en retard ! »s'exclama-t-elle.

Sans doute une phrase codée pour dire « en état d'arrestation » sans affoler les autres passagers.

« Et encore, ne vous plaignez pas, j'ai mis en pratique la théorie de l'avant du tram, ça aurait pu être pire ! » répondit la terroriste.

Théorie de l'avant du tram ? Jamais entendu parler ! C'était un complot ! Heureusement les deux autres l'avaient démasquée. Elles l'ont méthodiquement éloignée du quai en lui promettant, je crois, de lui livrer l'adresse de leur base secrète puisqu'elles parlaient de « Raon » de « temple » et d' « endroit où fut conçu Victor Hugo », des mots codés à l'évidence.

Quelques jours plus tard, j'ai eu l'horrible surprise de revoir la terroriste devant la salle des fêtes de Charmes. Elle avait apparemment réussi à maîtriser les deux autres. Ou pire, elles étaient ses complices, comment avais-je pu ne pas le voir ? Elle essayait maintenant de cacher son identité à tout un groupe de personnes. Derrière elle trônait un gâteau d'anniversaire. C'était là qu'était la bombe, j'en suis sûr ! Qu'est-ce que j'ai fait ? Je ne suis pas un héros, moi ! J'ai fui pour ne pas mourir ! Personne n'a entendu parler d'un attentat à Charmes, et alors ? Le gouvernement a certainement fait étouffer l'affaire comme d'habitude !

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