Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Désatres ô ciron
17 janvier 2010

Exercice de style n°19 : Zola mon amour

Claudine et Livia attendaient Anne-Cécile depuis une vingtaine de minutes déjà et leur agacement se traduisait par un comportement singulier. Livia, blonde pâle un peu maladive, laissait ses yeux errer de sa montre à son portable sans vraiment prêter attention à l'heure, avec un air lasse et résigné de femme habituée à attendre, tandis que son amie fixait l'horizon, la mâchoire contractée, semblable au chasseur avant la curée. C'était une jeune fille très brune aux joues roses, bien nourrie et pourtant maigre, de ces natures qui dévorent tout sans jamais engraisser et qui, devenues femmes, dirigent leur ménage d'une main de fer. Un tram apparut soudain dans un grand bruit de féraille, fendant le béton comme la charrue la terre, et s'arrêta brusquement à leur niveau en émettant un soupir de soulagement presque humain. La blonde laissa son regard glisser sur les vitres puis reporta son attention sur sa montre, n'ayant rien aperçu qui pût l'intéresser à l'intérieur. Le passage d'une nouvelle bête humaine mit fin à leur attente. Une jeune fille aux yeux pâles, jolie malgré une coiffure sans relief, la chair encore fraiche de l'enfance sous sa peau de blonde mise en valeur par une robe rose façon Nana, en descendit et sa vue sembla soulager les deux premières.

« Anne-Gervaise, tu es encore en retard ! Tu es joliment godiche ma pauvre cousine ! s'exclama l'une d'elle.

- J'ai pourtant mis en pratique la théorie de l'avant du tram. » murmura la retardataire en baissant les yeux.

Et elles s'éloignèrent toutes les trois vers l'Assommoir en parlant du prochain voyage qu'elles feraient à Raon durant lequel les deux blondes projetaient de faire découvrir à la brune le Paradou de leurs grands-parents, le temple du Donon ainsi que l'endroit où fut conçu Victor Hugo qu'elles évoquaient avec des rires farouches de vierges. Ce genre de gloussement qu'elles émettaient aussi lorsqu'elles évoquaient Octave Mouret dont les yeux couleurs d'or vieilli les faisaient chavirer.

Quelques jours plus tard, elles se retrouvèrent devant la salle des fêtes de Plassans où elles fêtaient l'anniversaire d'Anne-Cécile. Vingt ans, quelle débâcle !

Publicité
Publicité
Commentaires
Désatres ô ciron
Publicité
Publicité