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Désatres ô ciron
16 janvier 2010

Exercice de style n°7 : Jhârgon

Un jour, alors que j'attendais le tram, j'aperçus sur le quai qui faisait face au mien deux jeunes filles au comportement inhabituel. Elles portaient toutes les deux des dictionnaires sous les bras, un Gaffiot et un Bailly, je crois. Le regard de la blonde était OU BIEN sur sa montre OU BIEN sur son portable. Horloge traditionnelle ou numérique, terrible alternative ! Quant à la brune, elle scrutait l'horizon, frappant nerveusement le sol du pied. Sur son visage se succédaient désir et ennui à la vitesse du pendule de Schopenhauer. Un tram s'arrêta à leur hauteur et je pensais les voir disparaître avec celui-ci, prenant la route de leurs imposants devoirs, mais non, elle étaient restées et leur agacement était plus manifeste encore. Le passage d'un nouveau tram mit fin à leur attente. Une jeune fille dont les grands yeux bleus surplombaient de magnifiques cernes violettes et dont les cheveux blonds très raides semblaient avoir été trop longtemps enfermés dans une salle de classe, vêtue d'une robe rose à froufrou et d'un jeans si mal assortis que je la soupçonnais de n'accorder à ses vêtements qu'une valeur pratique, en bref une intellectuelle, en descendit et sa vue sembla soulager les deux premières.

« Khâmarade-Khoûsine, tu es encore en retard ! s'exclama la première sur un ton que n'aurait pas renié M. Ka., CPE de son état, tandis que la seconde adressait à la retardataire un petit geste kelschique.

- Et encore, ne vous plaignez pas, j'ai mis en pratique la théorie de l'avant du tram, ça aurait pu être pire ! » répondit l'accusée avec l'air penaud d'un élève en khôlle d'histoire qui n'aurait pas appris sa leçon.

Et elles s'éloignèrent toutes les trois en parlant du prochain voyage culturel qu'elles feraient à Raon, petite bourgade perdue dans la Nature ou Dieu ou la Substance, durant lequel les deux blondes projetaient de faire découvrir à la brune la maison de leurs grands-parents, le temple du Donon, magnifique monument romantique du XIXème siècle, ainsi que l'endroit où fut conçu Victor Hugo, dont le père, même s'il n'est pas l'inventeur de l'anus artificiel, était tout de même un général.

Quelques jours plus tard, j'aperçus de nouveau la retardataire devant la salle des fêtes de Charmes, ville fondée sur les bases d'un camp romain que l'écrivain Dave nomme Oppidum ad Carpinos (on dit [dawé] pas [daïve], il ne faudrait pas confondre avec le chanteur !*). Elle était entourée de toute sa famille qui la félicitait avec autant de chaleur que Lactance son propre travail. On fêtait apparemment son anniversaire. Ce que je retire de tout ça ? Les japonais, ils l'ont bien mérité leur bombe atomique !**


*Oui, je sais, je recycle.

** Célèbre citation du divin P.

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