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Désatres ô ciron
1 juillet 2009

Les Saturnales

Je suis en retard, je sais, mais que voulez-vous, être en vacances, ça prends du temps et de l’énergie… Mais il faut écrire, il faut écrire vite, avant d’oublier.

 

    Les Saturnales… Allez savoir comment, je m’en suis retrouvée principale organisatrice. J’avais juste prononcé ces mots la première, je crois : « Dites, qu’est-ce qu’on fait pour les Saturnales ? » J’aurais au moins compris quelque chose : organisatrice en événementiel, ce n’est vraiment pas mon truc. Mais quelle expérience ! J’ai aimé me transformer en « madame » dans le regard des serveurs de l’Excelsior au moment où j’expliquais que nous voulions organiser un repas pour soixante-dix personnes. Comme tout devient important lorsque l’on a le « potestas » et quel stress ! Et si supprimer l’entrée était un crime de lèse-majesté ? Et si le dessert ne convenait pas ? Et si je devais payer seule les 1400 euros parce que je n’ai pas réussi à réunir l’argent ? Bref, ce n’était que les Saturnales mais je crois qu’en deux ans de prépa, rien ne m’a plus stressée (au point que je n’ai rien réussi à manger le soir même).

 

    La soirée avait quelque chose de nostalgique, ce petit goût de « dernière fois » qu’elle n’avait pas l’année dernière. Il faut dire que le conseil de classe avait eu lieu le matin même, la fin officielle de notre khâgne donc. L’année dernière, rien n’était fini, il nous restait quelques khôlles et un an, ça paraissait si long, un an et c’est passé si vite. Comme promis. « La khâgne, c’est comme une grosse piqûre, m’avait expliqué monsieur T. (alors le professeur de philo inconnu des K1), ça fait très mal, mais ça passe vite. » Et puis, il y avait nos Saturnales, celles que nous allions organiser l’année suivante. Nous avions hâte d’y être, même si la barre avait été placée très haute par nos prédécesseurs. Mais cette année, c’était notre soirée, il fallait en profiter au maximum, parce que le pire était derrière nous. Les Saturnales, c’est représentatif de tout ce qu’il y a de bien en khâgne.

 

    Le repas, c’est l’occasion de discuter avec nos professeurs. Ils ont tellement de choses à nous apprendre encore sur la vie. Ainsi, madame C. nous a expliqué qu’il fallait laisser un peu de temps entre la khâgne et le 1er enfant, pour se reposer. Elle m’a également indiqué que l’organisation des Saturnales était un bon entraînement pour l’organisation de mon mariage (cela dit en passant, je me pose une question : est-ce que j’ai une tête de jeune fille à marier ? parce que deux jours plus tard, notre divin professeur d’histoire m’a conseillé de me trouver « un mari gentil et intelligent, et riche surtout ! hein ! un notable ! »).

 

     Et puis, il y a la pièce… Nous avions tellement peur du fiasco. Il faut dire que tous nos profs nous avaient lancé un « il va falloir assurer l’année prochaine ! » à la suite de la représentation des khâgneux de l’an dernier. Certains avaient quitté le navire dès le début. Et d’autres se sont accrochés. Comment raconter nos répétitions chaotiques ? Nous n’étions pas prêts, jamais au complet, tout était trop long, manquait de rythme. Et pourtant quels fous-rire ! J’ai découvert pendant ces quelques semaines des khâgneux à qui je n’avais pratiquement jamais parlé, parce qu’il y avait le travail, etc. C’est dommage et c’est trop tard. Je me suis beaucoup attachée à eux durant les répétitions. Jamais notre classe n’a été si unie. Juste avant d’être dispersée…

  La pièce n’a pas été un fiasco finalement. On a même entendu ça et là des professeurs se demander si ce n’était pas « mieux que l’année dernière », voire « parfois plus fin et intelligent ». Après deux ans à entendre dire que nous n’étions pas une bonne année, c’est une sorte de revanche. Il faut dire que moi, je n’ai pas pris de risque puisque j’ai joué madame C., notre toute nouvelle prof de latin. Faute d’être un jour une excellente prof de latin, il semble que j’ai réussi à bien en incarner une. Je suis rassurée, j’avais tellement peur de la « rater » pour ses premières Saturnales, mais elle m’a déclaré que ça avait été « parfois très éprouvant » parce qu’elle avait l’impression d’avoir été filmée. Il faut dire qu’on a les mêmes cheveux, ça doit jouer…

   La soirée s’est finie au Garden ; la boucle est bouclée en quelque sorte puisque c’est là que nous avons commencé notre khâgne lors de la soirée d’intégration. Le temps d’échanger quelques mots et quelques souvenirs et nous avons été rendus à la rue. Seuls, un peu paumés. Rien n’a réussi à effacer l’impression que c’était fini, pas même les cours auxquels je me suis rendu le lendemain. « Maintenant, on est des khâgneux sans khâgne », comme l’a écrit Marie.

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