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Désatres ô ciron
3 mars 2009

Troublante rencontre à la BM, chapitre 1. "Premier regard"

Chapitre 1. Premier Regard...

Cet après-midi-là, Junie avait décidé de travailler à la Bibliothèque Municipale.Depuis l’année précédente, les marches devenaient de plus en plus difficiles à monter et les portes s’étaient alourdies. Le physique et l’enthousiasme n’y étaient plus. Ce début de khâgne s’averrait plus difficile que prévu…. Surtout sans Félix. Elle trouve rapidement une place où elle s’affala. Toujours la même place. C’est ici qu’elle avait fait la connaissance de Félix. Elle l’avait rencontré au début de son hypokhâgne. Au début, elle n’y avait prêté aucune attention puis il lui était rapidement devenu indispensable. Ah Félix, Félix Vandenesse… Il était si fier de son nom ! En y repensant, une boule se forma dans la gorge de Junie.

« Je suis désolé pour ta khôlle… » C’était les premiers mots qu’ils avaient échangés, elle en larmes, errant dans le lycée depuis une demi-heure déjà, lui, victorieux, fier du 18 qu’il venait d’obtenir à sa première khôlle. Une longue série de 18… Comment avait-il pu s’intéresser à elle, une hypokhâgneuse moyenne, alors qu’il était si brillant ? Junie savait qu’elle ne méritait même pas les quelques mois qu’ils avaient passés ensemble. C’est pourquoi elle lui avait pardonné son premier écart. En revenant de vacances, cet été, alors qu’il ne répondait pas à ses coups de téléphone, elle avait pris l’initiative de se rendre à son appartement, et elle l’avait découvert au lit… avec L’Ethique de Spinoza !

« Attends ! Laisse-moi t’expliquer ! Je ne voulais pas ignorer tes coups de téléphone…

- Non, il n’y a rien à expliquer ! avait-elle répliqué en larmes. Continue à explorer ta puissance d’agir sans moi ! »

Elle avait claqué la porte. Le lendemain, elle avait trouvé L’art d’aimer d’Ovide devant sa porte. Elle lui avait pardonné. Et puis, il y avait eu ce terrible jour de septembre. Elle avait commis l’erreur de lui poser un ultimatum :

« C’est ou bien l’ENS ou bien moi !

- C’est tout choisi. C’est l’ENS. Je dois me consacrer entièrement à mes études, je n’ai pas de temps à perdre à des mièvreries. »

Junie pensait qu’elle ne s’en remettrait jamais. Elle avait trouvé dans le latin et le grec un remède à sa peine, mais l’image de Félix la torturait constamment. Elle se sentait comme Héro abandonnée par Léandre, sauf qu’ici, Léandre avait lui-même dressé le bras de mer qui les séparait.

Mais Junie n’avait pas le temps de se morfondre. Elle devait d’urgence commencer la version de grec à rendre pour la semaine suivante. Elle s’avança vers l’étagère des dictionnaires. Horreur, il n’y avait plus un seul Bailly ! Elle jeta un coup d’œil plein de haine aux élèves qui travaillaient autour d’elle. C’était certainement à cause de ces sales faqueux ! Alors ils pensaient qu’avoir un Bailly à leurs côtés suffirait à donner l’impression qu’ils travaillaient ? Elle tempêtait intérieurement contre ces fumistes qui ôtaient les bons outils aux honnêtes travailleurs. Elle s’apprêtait à secouer une montagne de dreadlocks pour récupérer son bien légitime lorsqu’une voix suave la fit sursauter :

« C’est ça que tu cherches ? »

Elle découvrit un jeune homme aux yeux malicieux, les cheveux en bataille, qui lui tendait un Bailly avec un petit sourire amusé. Elle lui arracha des mains en lui assénant un « Merci » assassin, avant de retourner s’asseoir. Prise d’un soudain remord, elle se tourna vers la sortie, mais il était déjà parti. Tant pis pour lui ! Mais pourquoi s’en voulait-elle autant d’avoir été si sèche avec ce faqueux ? Après tout, elle ne le reverrait probablement jamais. Mais était-il si sûr qu’elle n’ait pas envie de le revoir ?

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