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Désatres ô ciron
8 juin 2008

La khôlle dont vous êtes le héros.

1. Voici venue la date fatidique. Depuis quelques semaines déjà, la khôlle était à l’affût, tapie entre les pages de votre agenda, et vous saviez qu’à chaque page déchirée, vous diminuiez la distance qui vous en séparait. Mais voilà, il est trop tard maintenant pour reculer, tomber malade ou peaufiner les préparations.

Si vous préférez le vendredi midi, allez en 2.

Si vous préférez le mercredi après-midi, allez en 3.

2. Après deux heures de grec passées à réciter vos déclinaisons latines, voici venue l’heure de la khôlle… ou presque. Car il est midi quinze et il vous faut encore attendre une demi-heure avant le passage. Un autre problème vous occupe donc l’esprit : ai-je le temps ou non de manger en une demi-heure ?

Si vous décidez que oui, allez en 4.

Si vous décidez que non, allez en 5.

3. Il est trois heures. Vous avez bien tenté de réviser jusque là, mais rien à faire, le stress vous fait trembler et vous empêche de vous concentrer sur quelque chose de plus intelligent que la blague de la grosse mite que vous vous êtes déjà raconté trois ou quatre fois dans le but de vous calmer. Sans succès. C’est donc secoué d’un fou rire nerveux que vous montez l’escalier qui vous mène à l’échafaud. Un quart d’heure passe… et la porte s’ouvre.

Si vous passez une khôlle d’anglais, allez en 6.

Si vous passez une khôlle de philo, allez en 7.

Si vous vous êtes enfui depuis déjà dix minutes, allez en 8.

4. Vous avez décidé de profiter de votre demi-heure de pause pour aller manger. A peine le prof de grec a-t-il posé ses lunettes que vous êtes déjà sorti(e), dévalant les escaliers et doublant allégrement toute la file de la cantine grâce au passage réservé au personnel. Vous brandissez déjà votre carte quand, soudain… « Je vous ai bien vu doubler la file ! Sortez d’ici et retournez tout au bout ! Comment ça une colle ? Vous vous foutez de moi ? C’est interdit les colles entre midi et deux ! » Et c’est ainsi que M.Ka. vous ramène par l’oreille au bout de la file. Vous vous sentez contraint d’aller manger tout de même et vous arrivez très en retard à votre khôlle de latin.

Vous avez perdu ! Votre aventure se termine ici. Retournez en 1.

5. Non décidément, le temps vous manque pour manger. L’envie aussi d’ailleurs. Tant pis, votre cousine vous prendra du pain à la cantine et vous le grignoterez pendant le cours de français. En attendant, un petit café pour luter contre le fatigue puis direction le CDI. Un léger coup d’œil sur l’extrait du De Amicitia de Cicéron que vous avez à traduire suffit à vous effrayer : pour traduire correctement un passage de cette longueur, il vous faut en moyenne une heure et demi. On vous en donne une et on ajoute un commentaire à faire.

Si vous décidez d’écouter les conseils de votre khâgneux(se) de copain(ine) qui s’insurge du fait que vous cherchiez tous les mots dans le dictionnaire et vous ordonne de vous faire confiance, allez en 9.

Si décidément, vous n’avez pas confiance en vous et préférez tout vérifier au risque de perdre du temps, allez en 10.

6. Vous êtes en khôlle d’anglais. A l’idée de commenter ce texte de science fiction qui n’est peut-être pas de la science fiction, mais qui d’un autre côté semble parler de martiens, mais quand même vous auriez l’air bête si ce n’est pas de la science fiction, ou peut-être que c’est de l’anticipation, ah oui, ça se passe en 2030, mais mince comment on dit 2030 en anglais, et si je dis « dans le futur, est-ce que ça ira ? » et Bradbury, c’est bien l’auteur de Fahrenheit, mais Fahrenheit combien, parce que si je confond avec le film de Moore, je vais encore avoir l’air bête, tant pis, je le dis pas, bon je me lance pour la science fiction et… mince il faut aussi se concentrer pour l’accent, bref, à l’idée de commenter ce texte, le stress vous étreint.

Si pour que ça passe mieux, vous décidez de marmonner, allez en 11.

Si vous vous balancez façon autiste pour calmer votre stress, allez en 12.

7. Vous êtes en khôlle de philosophie. Vous avez failli vous enfuir plusieurs fois avant de rentrer dans la salle. Vous avez également pensé à vous évanouir dans les escaliers. Mais rien à faire, vous y êtes. Une douzaines de sujets, griffonnés d’une écriture-pattes de mouches,  bourdonnent sur la tableau.

Si vous avez croisé un camarade survivant juste avant et que vous connaissez les sujets, allez en 13.

Sinon allez en 14.

8. Vous êtes fatigué, fhâtigué même, vous n’en pouvez plus, vous n’avez pas le courage de défendre un énième plan auquel vous ne croyez pas et vous seriez beaucoup mieux chez vous à avaler des Spécial K. Bref, vous craquez. Un dernier coup d’œil à droite, un dernier coup d’œil à gauche et hop, vous bondissez dans la cage d’escalier. Personne ne vous a vu, l’honneur est presque sauve. Vous vous sentez un peu lâche, mais… Non, qu’est-ce que vous vous sentez bien !

Bravo ! Vous avez survécu !

9. Vite, vite ! Plus que cinq minutes et vous n’avez pas encore traduit les trois-quarts du texte ! Pas le choix, vous survolez les mots donc vous saisissez vaguement le sens. Grave erreur ! Vous venez de faire un contresens ! Eh oui, car c’est au grec « nomos » que vous avez rattaché le latin « amicitiae nomen », traduisant « la loi de l’amitié » et non pas, comme il aurait fallu, « le nom d’amitié »…

Vous avez perdu ! Votre aventure se termine ici ! Retournez en 1.

10. Impossible de vous faire confiance, le doute vous taraude et c’est tant mieux ! Vous évitez ainsi un sérieux contresens. Malheureusement, vous n’avez plus le temps de construire des phrases sensées, encore moins de faire un commentaire.

Si vous l’improvisez, allez en 15.

Si vous avouez immédiatement que vous ne l’avez pas fait, allez en 16.

11. Vous tentez d’endormir le prof par une méthode de marmonnement accompagnée d’un regard fatigué et doublée d’une position de gagnant(e), à savoir un effondrement corporel vers la droite vaguement soutenu par un bras faiblard. Mais votre méthode n’a pas eu les effets escomptés. Loin de l’endormir, elle a agacé le prof qui vous lance sur son ton le plus sec qu’il a « passé la pire demi-heure de toute sa vie et que vous n’avez qu’à vous regardez dans une glace pour voir à quel point c’est horrible de passer une demi heure en face de vous ».

Vous avez perdu ! Votre aventure se termine ici ! Retournez en 1.

12. Vous avez ponctué votre discours de légers balancements pour vous de-stresser. Malheureusement, c’est sur le prof et non sur vous que cela a eu de l’effet. Celui-ci est ulcéré et vous conseille de « vous regarder dans une glace pour voir ce que cela fait de passer une demi-heure en face d’une dinde ».

Si vous êtes Anne-Cécile, allez en 18.

Sinon, allez en 19.

13. En allant chercher un livre à l’internat, vous avez croisé un interne survivant qui avait eu la bonne idée de noter tous les sujets sur sa feuille. Vous avez ainsi pu profiter des quelques minutes qui vous restaient pour vous rassurer et commencer à réfléchir au sujet qui vous plaisait le plus…euhm inspirait…euh rebutait le moins. En montant l’escalier, un plan commençait à se dessiner dans votre tête et c’est presque confiant que vous êtes rentré dans la salle.

Si vous êtes Livia, allez en 17.

Sinon allez en 20.

14. Vous subodoriez un sujet sur l’art, mais personne ne vous les avait indiqués à l’avance. Vous avez de la chance, le tableau est couvert de sujet, impossible de ne pas en trouver un qui vous convienne ! La salle tremble sous les hurlements du prof : « Mais la Nature, c’est dégueulasse ! Un accouchement ? Dégueulasse ! C’est dégueulasse ! ». Exceptionnellement, vous êtes à peu près d’accord avec lui, c’est de bon augure. Et puis soudain, l’angoisse…

Si vous choisissez de rester coi(te), allez en 21 .

Si vous tentez tout de même de traiter le sujet, allez en 22 .

15. Vous rassemblez vos maigres connaissances en Culture Antique et commencez un broder un commentaire comparé d’Aristote et de votre longue suite de contresens. Bravo, vous avez réussi à mettre en valeur vos contresens ! Par contre, vous êtes passé(e) à côté de la seule référence à Aristote.

Vous avez perdu ! Votre aventure se termine ici ! Retournez en 1.

16. Vous avouez à la prof que vous n’avez pas eu le temps de faire le commentaire. Elle vous gratifie d’un sourire gentil et vous explique qu’on en a pas le temps 9 fois sur 10. Vous vous sentez très rassuré(e)… Elle vous demande si vous ne voulez toujours pas être prof. Vous provoquez un nouveau fou rire en répondant oui… On ne vous prendra jamais au sérieux.

Vous avez perdu ! Votre aventure se termine ici ! Retournez en 1.

17. Vous êtes Livia, donc vous n’avez pas une réserve illimitée de chance. Vous aviez déjà les sujets, il était impossible que quelqu’un n’ai pas pris celui qui vous convenait. Vous détestez un instant cette personne, un peu plus quand elle explique qu’elle n’a pas lu Proust parce que c’est « écrit trop petit », mais comme vous êtes lâche et un peu stupide, vous restez bloquée sur « Le sens de l’Histoire » et le prof est obligé de vous jeter au bout de cinq minutes.

Vous avez perdu ! Votre aventure se termine ici ! Retournez en 1.

18. Vous éclatez plus ou moins intérieurement de rire en songeant « à moi le poulet ! »

Bravo ! Vous vous êtes endurci(e) ! Vous avez gagné !

19. Vous êtes un peu vexé(e).

Vous avez perdu ! Votre aventure se termine ici ! Retournez en 1.

20. Votre khôlle se déroule comme d’habitude, plus ou moins cauchemardesque et plus ou moins bien notée.

Et euh… Votre aventure se termine ici aussi.

21. Vous avez des idées, des exemples, des références plus ou moins classiques. Kant vous fait des petits signes de la main que vous ignorez parce que vous n’avez pas lu Kant, que votre sujet est l’ « Art Contemporain », et qu’appliquer Kant à une chose dont il n’a pas directement parlé, c’est encore plus dur. Les khôlles de vos deux précédentes camarades se passent plutôt mal et ça vous fait stresser. Le prof vous demande si vous allez vous aussi faire une crise, vous ne pouvez vous empêcher de répondre « oui mais en plus silencieux » parce que vous attendez toujours d’avoir fermé la porte pour pleurer. Et voilà. A partir de là, impossible de faire quelque chose. Alors vous bredouillez une problématique. « C’est une question. » laisse tomber le prof d’un air mi-lasse, mi-méprisant. S’en suit un long, très long silence. « Vous allez traiter le sujet ? » Non. Vous ne risquez plus rien, si ce n’est d’être qualifiée de kamikaze mystique le lendemain par la même prof.

Vous avez perdu ! Votre aventure se termine ici ! Retournez en 1.

22. Vous avez échappé à la tentation du silence, un peu humiliant soit, mais tellement protecteur. Il faut maintenant traiter votre sujet sur l’art.

Si vous prenez Disney comme exemple, allez en 23.

Sinon, allez en 24.

23. Vous décidez de prendre les dessins animés Disney comme exemple d’art. C’est un double échec : non seulement le prof ne considère pas Disney comme de l’art, mais en plus il est assez solide pour ne pas mourir d’une crise cardiaque sur le champ, comme son teint soudain blafard semblait le prédire.

Vous avez perdu ! Votre aventure se termine ici ! Retournez en 1.

24. Vous avez décidé de vous en tenir aux références classiques. C’est plus sûr. Pourtant il vous reste encore plein de pièges à éviter !

Si vous êtes suicidaire, allez en 25.

Si vous êtes suicidaire, allez en 26.

25. Vous avez assisté à deux khôlles catastrophiques et, loin de vous moquez de vos deux gourdes de khâmarades, vous êtes révolté(e) par ces scènes et vous l’exprimez : « Ce qui s’est passé avec A. et A-L, ça ne serait jamais arrivé avec M. P. (notre divin prof d’histoire) » Vous signez votre arrêt de mort : une table est aussitôt installée entre vous et le professeur, afin, dit-il, de ne pas vous déconcentrer.

Vous avez perdu… gagné ? Votre aventure se termine ici. Retournez en 1. et merci.

26. Vous n’avez pas lu Proust, mais vous avez écouté tous les cours du prof (cet exploit vous excuse de votre premier crime). Malheur, la référence s’impose à vous ! Comment en parler ? Vous êtes suicidaire donc vous vous lancez dans un « Je n’ai pas lu Proust, mais j’ai décidé d’en parler sur la base de ce que vous dites dans vos cours… » Le prof alors écrasé de lassitude bondit et, crime plus grand encore, vous tentez de vous justifiez, et en prétextant un trop plein de devoirs… en histoire !

Votre aventure se termine ici et de façon très violente. Vous n’êtes plus en état de retourner en 1.

physiquecolle

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Commentaires
A
Haha génial, pourquoi je me reconnais une fois sur deux dans ce parcours rocambolesque ?
L
En réponse à anne C moi je dirais plutôt que tu t'es trompé pour le num 7 : c'est 13 et 14 les propositions et pas 14 et 15 je crois ^^<br /> <br /> J'ai perdu bcq de fois mais comme je suis une bonne tricheuse jai réussi à gagner à la fin =P<br /> ça a du être dur à faire qd même!!<br /> <br /> Bisou ma ... - attends comment c déjà ? ah oui jmen rappelle :D - co-destructrice de moelleux au choco et décortiqueuse de gambas !!! :p :p<br /> '<3
L
XD<br /> trop bon! mais j'ai perdu.. bouhouhou...<br /> Bisous ma livliv!
A
J'ai bien rigolé cous'-cous'!les khôlles façon Oulipo c'est beaucoup plus amusant qu'en vrai (quoique...parole de Dinde label rouge!)<br /> Par contre ma chère livotte je suis obligée de te dire que tu as fait une erreur : pour le 6 , les numéros auquel tu renvois sont pas les bons ,c'est ceux d'après. Pour te consoler pense à la grosse mite!<br /> Nouvel épithète homérique : A-C au plumage de miel??J'hésite encore avec A-C à la tendre escalope...
Désatres ô ciron
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